« Protégeons les sols pour lutter contre le changement climatique »

Publié le 16 Septembre 2015

La Conférence mondiale sur le climat (COP21) 

aura lieu à Paris du 30 novembre au 11 décembre 2015.

Dans cette interview, nous verrons qu'il ne faut pas penser seulement à la transition énergétique ou à la reforestation.

 

Plantes et Santé

N° 160 – septembre 2015

 

D'après les propos de Monique Barbut, secrétaire exécutive de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification. 

interview par Carine Mayo

 

En quoi les actions contre la désertification peuvent-elles nous aider à faire face au changement climatique ?

« Si l'on veut que l'augmentation de température reste en-dessous de 2°C, la transition énergétique ne suffira pas, il faut aussi s'employer à séquestrer du carbone. Or, si l'on restaurait 500 millions d'hectares de terres dégradées, cela permettrait de séquestrer jusqu'à un tiers des émissions de gaz à effet de serre tous les ans. L'agroforesterie est un bon moyen de capturer du carbone dans les arbres et dans les sols, fertilisés par la matière organique apportée par les plantes. »

 

Que proposez-vous à la COP21 ?

« Il faudrait que les actions contre la désertification soient reconnues comme solutions pour lutter contre le changement climatique et que pour chaque hectare de terre dégradée, on restaure un hectare. Si c'était inscrit dans les textes de la Cop21, cela permettrait aux pays les plus pauvres d'accéder à des financements. C'est une mesure pas chère : il faut moins de 150 € pour restaurer un hectare de terre dégradée. Et en plus,c'est une source d'emploi. Mais peu de lobbies nous appuient car la lutte contre la désertification ne nécessite pas de technologie coûteuse et n'offre rien à vendre.

 

Et si ce que vous proposez n'est pas fait ?

«Il faut que les Etats qui présentent leurs engagements se ressaisissent, car on est loin de l'objectif de 2°C d'élévation de la température. Sans compter que 2°C à l'échelle de la planète, ça fait 4°C au Sahel... C'est insupportable pour les personnes qui y vivent.

Si on ne fait rien, on va connaître des émigrations sans commune mesure avec ce que nous avons vu. D'ores et déjà 100 % des migrants clandestins viennent de zone sèche.

 

Pour stabiliser les populations, il faut leur donner les moyens de se nourrir.

Entre 2006 et 2010, la Syrie a connu les pires années de sécheresse de son existence, ce qui a jeté un million de personnes dans la rue. Une situation explosive.

La restauration du potentiel des sols est un élément essentiel pour non seulement assurer la survie alimentaire d'un grand nombre de populations, mais aussi participer au maintien de la paix.

 

 

Proposé par Catherine Cuney

 

Rédigé par UCY

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