Pérégrination sur le chemin de la providence

Publié le 2 Septembre 2015

Revue SOURCES

« Pour une vie reliée »

N° 30 - avril-mai-juin 2015

 

Entretien avec Gaële de La Brosse recueilli par Nathalie Calmé.

 

Pèlerinage, marche, voyage initiatique… Quels sont les mots qui ont votre préférence pour définir vos itinéraires ?

Pour moi ces trois expressions sont inséparables. Je ne suis pas une randonneuse, car pour avancer il me faut un but. Cependant, je ne conçois un pèlerinage qu’à pied, la marche me semblant être le moyen le plus approprié pour faire progresser, dans un même mouvement, le corps, l’esprit et l’âme. La marche ainsi conçue est donc forcément initiatique, au sens propre du terme, initium signifiant commencement.

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Plusieurs écrivains considèrent qu’entreprendre un pèlerinage c’est « marcher avec Dieu ». Avez-vous fait cette expérience ?

Quand on marche sur une route de pèlerinage on se sent accompagné. J’ai fait cette expérience au plus profond de moi-même sur les chemins de Saint Jacques. L’apôtre ne nous apparaît pas, bien sûr, pour nous montrer la direction, mais il se manifeste à travers un hôte prévenant qui nous accueille à l’étape, un riverain qui nous tend un verre d’eau sous un soleil torride, un guide improvisé qui nous remet sur la bonne route… Dans cette marche à l’étoile on se sent donc guidé par une main secourable et délicate, qui procure à chacun ce dont il a besoin au moment opportun. On peut lui donner plusieurs noms. Pour ma part j’aime le terme de « Providence – littéralement : voir devant ».

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Quels conseil donneriez-vous à des personnes qui, pour la première fois, souhaiteraient se lancer dans cette marche avec Dieu ? 

Tout d’abord lâcher prise… lâcher la prise qui relie au quotidien, se déconnecter des ondes parasites pour se reconnecter à l’essentiel. En faisant ses bagages, penser à tous les mots qui commencent par « dé », préfixe latin qui indique la séparation : se dépouiller, se désencombrer, se déconditionner, et opter pour la « décroissance » chère à Pierre Rabhi.

Un deuxième conseil serait de ne pas avoir peur de l’inconnu. J’aime l’expression « risquer un bout de chemin ». Partir, c’est se confronter à d’autres façons de vivre, de penser, d’aimer son prochain et de prier son Dieu. C’est donc une invitation à se remettre en question. Selon la formule célèbre de Nicolas Bouvier dans l’Usage du Monde : « On croit qu’on va faire un voyage, mais bientôt c’est le voyage qui vous fait ou vous défait ».

 

Pour aller plus loin :

- à la bibliothèque de l'UCY : - La marche afghane, - Marcher-méditer, Jacques Vignes et Michel JOURDAN - Immortelle randonnée : Compostelle malgré moi, Jean Christophe RUFFIN

- à voir blog : http://marcheurs.blog.pelerin.info  

 

 

 

Rédigé par UCY

Publié dans #Environnement-écologie, #Spiritualité-philosophie

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